Pourquoi nous battons-nous ?

Nous nous opposons à l’interdiction de l’Instruction en Famille

un projet d’abolition de l’IEF anti-Démocratique sur le fond et la forme

Le 2 octobre 2020, le président Emmanuel Macron a brutalement annoncé sa volonté d’abroger un droit respecté depuis 1882 : celui des parents et des enfants de pratiquer l’Instruction en Famille. La loi du 24 août 2021 soumet maintenant les familles à une demande d’autorisation préalable qu’elles doivent soumettre au DASEN de leur département (Directeur Académique des Services de l’Education Nationale). Lors des débats parlementaires, et suite aux mises en garde du Conseil d’Etat et du Conseil Constitutionnel, il avait été promis que seules les familles dont le projet pédagogique représenterait un danger pour l’enfant et la société seraient refusés. Les 98% de familles recevant des avis favorables de l’inspection académique n’avaient donc a priori rien à craindre. Dans les faits, les DASEN sont en train d’utiliser ce nouveau pouvoir qui leur a été confié pour éradiquer l’Instruction en Famille, en cohérence avec le projet présidentiel initial, avec plus de 90% de refus de nouvelles demandes dans certaines académies.

Aujourd’hui, nous sommes convaincus que ce n’est plus suffisant de défendre l’Instruction en Famille par le biais de nos représentants politiques et de nos avocats. Nous supplions depuis des années d’arrêter le massacre, et pourtant, ça continue. Ce projet de loi a été initié sans justification valable, par un Président de la République se comportant en monarque, voté sans processus démocratique par des députés qui suivent automatiquement la ligne de leur parti, à l’encontre de l’avis des inspecteurs académiques et des familles, sur la base d’amalgames et de mensonges propagés dans les médias par le Président et son Ministre de l’Education. La loi a ensuite été appliquée avec radicalité par la majorité des DASEN.

L’instruction en famille n’est pas dangereuse

Contrairement à ce qui a été avancé par le Président et son Ministre de l’Education en 2020, L'IEF est un cadre légal, hautement surveillé, complètement étranger à l'islamisme radical ou les séparatismes. Le « Vademecum Inspection » de l'Éducation nationale, paru en octobre 2020, confirme d’ailleurs ce fait déjà bien connu des réseaux IEF :

« Les cas d’enfants exposés à un risque de radicalisation et repérés à l’occasion du contrôle de l’instruction au domicile familial sont exceptionnels. »

Les lois existent déjà, et deviennent même de plus en plus strictes, pour garantir le besoin et le droit à l’instruction des enfants. Les résultats de son contrôle annuel par l’Inspection académique, avec 98 % de familles recevant un avis favorable (1), montrent d’ailleurs bien les efforts déployés pour y parvenir.

L’IEF est même Une contribution significative à l’intérêt général

L’instruction en famille permet une certaine régulation et décharge l’école d’un certain nombre d’élèves que celle-ci ne saurait prendre en charge ou qui ne pourraient s’adapter au système scolaire. C’est à la fois un droit utile à l’enfant et un réel service, qui devrait être mieux expliqué, et même reconnu et donc maintenu. L’IEF a largement démontré, à travers sa longue histoire, les nombreux bénéfices qu’elle a apportés et continue d’apporter à la société dans son ensemble :

  1. Une source d’arts et de savoirs : de nombreuses personnalités, de tous horizons et de tous les domaines de connaissances, ont profité de ce mode d’instruction. Citons Thomas Edison,  Michael Faraday, Blaise Pascal, Pierre Curie, Agatha Christie, Marguerite Yourcenar, Jean d’Ormesson, Taïg Khris, Johnny Hallyday… La confiance que leur ont accordée leurs parents et le développement de leurs talents innés et de leurs appétences, loin de toute standardisation immanquablement imposée par les impératifs de fonctionnement de grandes structures, ont souvent été des aspects essentiels de l’éducation qu’ils ont reçue.

  2. La solution pour certains élèves en difficulté : la possibilité de faire l’instruction en famille est un outil primordial pour les parents dont l’enfant a des « besoins spécifiques » non pris en charge par l’État, et dont le nombre est en augmentation (haut potentiel, dys, autiste⁴, troubles du déficit de l’attention et autres atypies). Dans de nombreux cas, les parents sont les seules personnes à pouvoir répondre au besoin particulier de leur enfant pour l'accompagner dans son instruction et sa socialisation. Les élèves ayant connu des expériences telles que phobie scolaire, harcèlement⁵ et racket sont également nombreux. Bien plus qu’une voie alternative, c’est tout simplement une issue de secours souvent vitale pour ces enfants. Les témoignages des parents rapportent les effets positifs de cette façon différente d’instruire, qui s’adapte au rythme de l’enfant : reconstruction de la confiance en soi et en l’autre, et expression de ses pleins potentiels.

L’IEF est le seul choix cohérent avec les convictions éducatives de certaines familles

De récentes découvertes en neurosciences sur la façon dont les enfants apprennent corroborent et mettent en lumière les pédagogies alternatives, notamment le fait que l’anxiété bloque les apprentissages alors que l’enthousiasme en est l’engrais principal. L’une de ces pédagogies, nommée « apprentissages autonomes », consiste à permettre à l’enfant d’être à l’initiative de ses apprentissages. Mû par sa curiosité innée, il apprend au contact de son environnement et du vaste monde (qui ne se limite plus aux quelques enfants de sa classe d’âge qu’il est amené à côtoyer à longueur de temps).

Des études menées par le chercheur américain Peter Gray montrent toute la richesse de cette façon d’apprendre⁶. Cette pédagogie n’étant pas compatible avec un enseignement standardisé, les  familles qui décident d’accompagner leurs enfants en apprentissages autonomes n’ont d’autre possibilité que d’instruire en famille.

Nombre d’entre elles accolent à cette approche une éducation dite démocratique. L’enfant est alors considéré comme un individu à part entière et ne vit plus sous domination et coercition systématique de l'adulte. Il participe notamment à la vie collective et prend part aux décisions quel que soit son âge. Cela développe son sens civique et le rend d’autant plus préparé pour sa vie sociale future. Ces familles bannissent toutes formes de violences éducatives ordinaires (chantage, intimidation, punition, récompenses, notations, comparaisons). L’instruction en famille leur permet d’exercer pleinement leur mission de parents et leur assure de mener cette éducation dans le respect de leurs convictions philosophiques.

La lutte politique et juridique a déjà échoué

Il faut se rendre à l’évidence, nous avons perdu. Le collectif des association de défense de l’IEF a essayé de sensibiliser les parlementaires et l’opinion publique, d’attaquer la loi au Conseil Constitutionnel, et d’attaquer les décrets au Conseil d’Etat. L’ensemble de cette lutte est allée dans le sens du gouvernement, et un pouvoir dont disposaient les parents (celui de choisir l’instruction en famille pour leur enfant) a aujourd’hui été confié aux DASEN. Aujourd’hui, la lutte légale continue dans les tribunaux administratifs, mais le tableau est sombre. Avec des refus d’autorisation systématiques dans bon nombre d’Académies, dont l’interdiction, de fait, d’instruire en famille, plusieurs options restent aux parents.

  1. La soumission, mais au péril de la santé psychique d'enfants qui ont déjà connu l'école et qui ne sont pas arrivés à s'y adapter, et/ou d’enfants qui s’épanouissaient pleinement dans leur vie et leurs apprentissages en famille. Ces enfants rejoindront des classes déjà surchargées, et les professeurs se retrouveront à nouveau démunis et débordés face à ce surcroît d’élèves en difficulté ;

  2. L’exil de citoyens qui ne peuvent imaginer leur vie autrement qu'en disposant de cette liberté de choix. La France perdra ainsi un vivier d'expérimentation et d'innovation pédagogiques, une altérité qui permet des dialogues féconds ;

  3. La fraude de familles déterminées qui déploieront une grande énergie pour simuler l'itinérance ou la maladie de l'enfant, et ainsi obtenir une dérogation ;

  4. La dissimulation, avec des familles qui préféreront cesser de déclarer leurs enfants aux autorités éducatives et vivre dans la clandestinité.  Il ne sera alors plus possible de vérifier l'accès de l'enfant à une instruction, avec un risque réel de désocialisation pour ces familles hors radar, qui provoqueront dans les faits ce que cette loi était supposée empêcher.

La résistance est la seule stratégie viable aujourd’hui

Nous, familles de Enfance Libre, avons déclaré aux DASEN que nous ne nous soumettrons pas à cette nouvelle loi, en conscience que cet acte est passible de 7500 € d’amende et 6 mois d’emprisonnement.

Cette désobéissance civile légitime nécessitera alors d'être réprimée, si le gouvernement est convaincu qu’il est nécessaire, pour le bien de la France, de faire l’usage de la force pour appliquer la nouvelle loi sans concession. Nous sommes convaincus que nous pouvons représenter un mouvement tellement gênant pour le gouvernement que nous pourrions bien provoquer ultimement un retour en arrière. Nous sommes partis pour un combat de longue haleine que nous sommes sûrs de gagner, convaincus d’être du côté de la Raison.

Notes :

  1. Selon une enquête de la DGESCO de décembre 2016, et un bilan du Ministère lors d'une conférence de presse.

  2. France : le nombre d’enfants autistes augmente,  Yahoo! Actualité, 11 mars 2020.

  3. L’Unicef évalue en France à 700 000 élèves le nombre de victimes de harcèlement scolaire, soit 6 % des élèves. Source : se-unsa.org, 4 novembre 2019.

  4. Voir son blog Freedom to Learn.