Quand la casse de la liberté d'instruction a commencé

Depuis l’annonce du Président Macron du 2 octobre 2020, un certain nombre de voix se sont levées pour mettre en avant la nécessité de préserver le droit à l’Instruction en Famille.


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La décision de supprimer l’instruction en famille justifierait un débat public
Tribune d’un collectif de chercheurs parue dans le Monde, le 14 octobre 2020

Ils questionnent notamment en quoi l’Instruction en Famille serait généralement une atteinte à l’accès de l’enfant à l’éducation, alors que 2% des situations seraient problématiques.

“Pour apprécier la part des situations jugées problématiques dans ces effectifs, on peut se tourner vers les rapports administratifs où des inspecteurs de l’éducation nationale, à l’issue d’une rencontre avec les enfants et leurs représentants légaux, concluent au caractère satisfaisant, ou non, de l’instruction. En 2016, lors d’une conférence de presse, le ministère en a publié un bilan : « 7 % des contrôles se sont avérés insuffisants. » Dans ces cas, après second contrôle, un tiers des enfants ont fait l’objet d’une injonction de scolarisation.”


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Monsieur le président, ne nous ôtez pas la liberté d’instruire nos enfants en famille!
Tribune de Matthieu Belliard parue dans FigaroVox, le 6 octobre 2020

Père de trois enfants instruits en famille, il explique “un choix de parents éclairés, ambitieux et volontaires”, et répond notamment au préjugé d’enfants supposément isolés du monde.

“Il faut aussi comprendre que dans l’instruction en famille, les enfants évoluent au contact d’autres enfants d’âges très variés - et non plus simplement pas classe d’âge, par année de naissance. Ils se développent et grandissent au contact d’autres adultes aussi. Ne dit-on pas qu’il faut un village pour éduquer un enfant ?”


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Garantir la possibilité d’apprendre autrement
Tribune d’un collectif de praticiens et chercheurs parue dans Libération, le 8 octobre 2020

Ils questionnent ce qui devrait figurer comme priorité en matière de progrès des droits de l’enfant : supprimer l’IEF ? Ou se concentrer plutôt sur les formes de violence et d’insécurité à l’école ?

“Nous voudrions plutôt évoquer la dérive sécuritaire d’une classe politique qui ne sait gérer la violence que par plus de contrôle, donc plus de violence. Nous voudrions évoquer une autre croyance, source de souffrances : celle selon laquelle l’école doit, par priorité, garantir la sécurité des enfants, celle selon laquelle elle pourrait les protéger, ainsi que l’ensemble de la société, de tous ses maux. Elle le fait probablement, d’une certaine manière, pour quelques enfants de parents extrêmement violents ou défaillants. Mais le «récit» de l’école omet systématiquement d’évoquer la violence structurelle de l’institution scolaire.”


Fin de l’école à la maison: Ni Macron ni Blanquer ne font la loi
Communiqué de presse du 16 octobre 2020

L’association Led’A dénonce le mépris d’un exécutif envers les institutions démocratiques, qui s’exprime comme si son projet de loi était déjà passé. L’association dénonce également l’amalgame fait entre IEF et radicalisme, alors que l’Education admet elle-même qu’il n’y a aucun lien avéré entre les deux.

“Pour l’heure, l’exécutif se paie de mots et se montre bien prompt à interdire une liberté publique TOUJOURS inscrite dans le marbre de la loi depuis 1882, en nous parlant de progrès. Pour le ministre Blanquer, c’est comme si c’était fait. Sur le site Eduscol, le vademecum dédié à l’instruction en famille, l’IEF est déjà enterrée.”

“Ce même vademecum indique : « Les cas d’enfants exposés à un risque de radicalisation et repérés à l’occasion du contrôle de l’instruction au domicile familial sont exceptionnels. » Faut-il en déduire que l’exécutif a choisi de répondre à l’exception pour supprimer les libertés de l’ensemble de la population. Ce serait remplir les objectifs des adversaires de notre démocratie.”

Pour la préservation du droit à l’instruction en famille
Communiqué de presse du 4 octobre 2020

Led’A est indignée par les propos du Président et lors d’un communiqué ultérieur du 11 octobre, elle réclamera “des excuses publiques de la part du locataire de l’Élysée.”

“Nous dénonçons les amalgames et propos mensongers proférés par Monsieur Macron lors de son annonce du 2 octobre 2020.”

“Messieurs Macron et Blanquer se trompent de cibles pour lutter contre la radicalisation. A ce jour, il n’y a jamais eu de lien avéré entre IEF et radicalité ni de chiffres sur les enfants concernés par une présumée radicalisation en IEF. En revanche, les études sur école et radicalisation sont révélatrices. Tous les terroristes sont allés à l’école de la République, sans exception.”